- BOLLANDISTES
- BOLLANDISTESBOLLANDISTESGroupe d’érudits qui, jésuites pour la plupart, s’attachent, depuis le XVIIe siècle, à la publication et à la critique des documents hagiographiques du christianisme. En 1607, le père Héribert Rosweyde (1569-1629), jésuite d’Anvers, publia une liste de treize cents vies de saints anciennes, qu’il avait l’intention de publier. En fait, il édita, en 1615, un important recueil de vies de saints moines des premiers siècles, les Vitae patrum . La masse de notes et de copies qu’il laissa à sa mort, en 1629, furent confiées à un autre jésuite, Jean Bolland (1596-1665), lequel modifia les projets de son prédécesseur et décida d’imprimer tous les textes et tous les renseignements concernant les saints classés selon les jours de leurs fêtes. Cela valut à Bolland d’être considéré comme le fondateur de l’entreprise à laquelle il a laissé son nom. Il s’adjoignit un autre jésuite, Godefroid Henskens, dit Henschenius (1601-1681); les deux volumes in-folio contenant les saints de janvier parurent en 1643. En 1659, un troisième jésuite entra dans l’équipe, Daniel Papebroch, dit Papenbrochius (1628-1714). Plus encore que ses deux aînés, celui-ci appliqua une méthode critique excellente, qui fit l’admiration des contemporains et assura aux Acta sanctorum une place d’honneur dans les publications érudites. Papebroch ne craignait pas de s’engager: des affirmations risquées suscitèrent une controverse avec les Bénédictins. Papebroch s’inclina devant l’admirable De re diplomatica de Mabillon, qui posa les règles de la critique des chartes. Mais, quand Papebroch démolit les légendes relatives à l’origine de l’ordre des Carmes, ceux-ci exprimèrent tant de réclamations qu’ils obtinrent la condamnation des Acta sanctorum par l’Inquisition espagnole, sentence qui heureusement ne fut pas confirmée par le Saint-Office.Après la disparition des initiateurs, d’autres jésuites belges continuèrent leur œuvre jusqu’à la suppression de la Compagnie de Jésus en 1773. Malgré les efforts des derniers survivants pour continuer la publication et sauver manuscrits, copies, notes et livres accumulés, les déménagements et les bouleversements consécutifs à la Révolution entraînèrent des pertes innombrables.En 1837, des jésuites belges reconstituèrent la Société des bollandistes. La tradition ayant été rompue, les débuts furent difficiles. Mais, à partir de 1876, le père Charles de Smedt (1831-1911) fit appliquer totalement les principes de la critique moderne. Désormais tous les textes concernant les saints furent édités avec leurs variantes et leurs remaniements de manière à permettre de faire non seulement l’histoire des saints, mais aussi celle de leur légende.Les Acta sanctorum des bollandistes comptent soixante-sept volumes in-folio, qui parurent entre 1643 et 1940. Les besoins du monde savant et les méthodes ayant évolué depuis le XVIIe siècle, les bollandistes ont lancé en 1882 une revue savante, les Analecta bollandiana , et une collection, les Subsidia hagiographica , qui comprennent des études, des éditions de textes, des catalogues de manuscrits et des répertoires. Grâce aux bollandistes, l’hagiographie est une des disciplines historiques les mieux pourvues d’instruments de recherche. Au XXe siècle, les pères Hippolyte Delehaye (1859-1941), Paul Peeters (1870-1950), Paul Grosjean (1900-1964) et Maurice Coens (1893-1972), pour ne nommer que les disparus, ont entretenu avec éclat la tradition bollandienne.
Encyclopédie Universelle. 2012.